@Ittah Yoda, Never The Same Ocean, 2021
Ittah Yoda
Ittah Yoda
Installation, 2021.
Les rencontres OVNI présentent Never the Same Ocean, une exposition personnelle du duo franco-japonais Ittah Yoda dans la chambre de l’artiste Gottfried Honegger.
L’exposition présente un nouveau corpus d’œuvres développées durant une résidence OVNi avec un groupe de chercheurs de l’Institut de la mer de Villefranche. Elle suit la volonté des artistes d’inclure le vivant dans leur pratique, celles de micro-organismes à l’origine de la vie.
La référence indirecte aux Fragments d’Héraclite suggère la mutation perpétuelle du vivant : « on ne traverse jamais deux fois le même fleuve ». Rien n’est fixe et tout est sujet à évolution. Les deux artistes livrent ici un œuvre plastique et philosophique, un univers où tout se délite et se reconstitue constamment.
Never the Same Ocean est un ensemble de sculptures en verre soufflé reliées entre elles par une structure en laiton. Chacune contient une solution constituée de micro algues Dunaliella Salina que les artistes prennent soin d’alimenter régulièrement en milieu cellulaire. Ses couleurs évoluent, passant du vert au rose, et invitent à la redécouverte constante de ses formes.
Deux lithographies de la série Never the Same Ocean viennent figer ces mutations sur le support en deux dimensions.
L’écran LED ouvre une troisième fenêtre dans la chambre et un accès à la réalité virtuelle. Il diffuse en temps réel les variations de la VR qui fonctionne comme un organisme vivant autonome.
« Je ne sais pas bien redire comment j’y entrai, tant j’étais plein de sommeil en ce point où j’abandonnai la voie vraie. » (1) écrit Dante dans les premiers tercets de la Divine Comédie, au début de son cheminement dans l’au-delà. En positionnant le casque Oculus Quest sur ses yeux, le visiteur se prépare à quitter temporairement le monde et ses repères pour entreprendre un voyage dans l’imaginaire, dans un état entre éveil et sommeil, qui laissera libre cours à la subjectivité.
L’univers conçu par les artistes et porté par les algorithmes, ne présente aucune temporalité, aucun repère géographique. « Il est beaucoup question de se laisser aller dans le processus de création, de laisser aller les visiteurs et de laisser aller la machine. » (2)
Les œuvres présentées offrent une part d’inattendu pour établir de nouvelles relations au réel. L’expérience individuelle est l’élément central qui permet à chacun de retrouver son propre soi et de faire face à un monde aux fascinantes mutations.
Avec le soutien du CNAP.
Commissariat Livia Parmentier.
[1] Dante Alighieri, La Divine comédie, « L’enfer », chant I vers 10-12 (Flammarion, 1985) Trad. Jacqueline Risset « Io non so ben ridir com'i' v'intrai, tant'era pien di sonno a quel punto che la verace via abbandonai. »
[2] Virgile Ittah, Entretien avec l’artiste, 22.10.20