Il ne vous viendrait pas à l’idée de mentir si l’on vous demande si vous vous mettez facilement à la place des autres. Vous faites nécessairement preuve d’empathie pour vos proches, vos ami·e·s et on vous en témoigne en retour. Si ça n’est pas le cas, il existe des recours. Vous pouvez notamment faire appel à une société qui loue des ami·e·s imaginaires ou propose les services d’un·e proche à la carte. Donnez votre numéro à l’entreprise qui se chargera de vous rappeler pour vous vous faire des remontrances ou vous demander des excuses. C’est autour de ce marché d’ami·e·s fictifs, qu’Anne Le Troter a conçu son installation-vidéo Les ami·e·s à louer. À l’écran, elle interprète tous les rôles, incorpore et projette toutes les paroles prononcées par les ami·e·s ou les sociétés qui les mettent à disposition. Au sein de cette mise-en-scène schizophrène et de ce discours à plusieurs têtes, se tisse une réflexion sur lanécessité du mensonge et de la maîtrise du discours. Régulièrement, l’artiste récite un monologue en se brossant les dents. Les bribes que l’on saisit portent sur ce polissage de la langue, cette “parole-colgate” aseptisée et bourrée de politesses, d’infantilisation et de mots-valises qui saturent les relations amicales comme les prises de parole politiques. Dans l’installation, au beau milieu d’un imbroglio de câbles de micro, subsistent précisément des gribouillis, des baragouinages, des formes écrites et orales qui échappent à la compréhension.

Elsa Vettier – Catalogue de l’exposition Etudes sur l’empathie, Fondation Pernod Ricard, 2019, cur : Charlotte Laubard

Music La Pierre de Neyboes by Grégoire Lourme

La pensée appelle sa forme. Ce qui me bouscule, me séduit, me perturbe, me touche, me blesse et m’élève, impose sa forme. Ces écritures sont autant de tatouages intérieurs. Palpitations de mon existence. Radiophoniques, littéraires, sursauts, réflexions à vif, interrogations ouvertes. A ressentir ou à décrypter. Respirer les blancs, plonger dans le noir. Se laisser envahir par la vibration du texte.

A l’intérieur de la série, chacun peut choisir son mandala. Eprouver comme avec une personne, une attirance particulière pour la figure. Dans notre passé, nous avons accumulé des expériences. Nous avons éprouvé des sentiments, ressenti des passions. Cela a construit un paysage affectif dans notre vie présente qui nous oriente vers certaines couleurs, certaines formes, certains êtres. C’est pourquoi je les nomme (my) mandalas, tattoos like prayers.

Graine Lumière Cuire est un film créé à l’occasion d’une performance avec l’écrivaine Laura Vazquez autour d’extraits de son livre du même nom à paraître aux éditions sun/sun.

Pour l’exposition Avec/Après à la galerie Gaya Scienza, des extraits du texte lus par Laura Vazquez accompagnent les images. La composition sonore est réalisée par Arthur Boval.

Lorsque deux images se rencontrent, elles engendrent une troisième forme, née du contact. À travers la superposition, l’artiste explore son obsession pour le sens du toucher, interrogeant ce qui disparaît et ce qui persiste, les empreintes invisibles ou encore la fonction contenante. Ce jeu de couches et de traces invite à penser la matière des relations, à la fois évanescentes et tangibles.