Sur le trajet vers Nice, dans une land rover flambant neuve immatriculée Grande-Bretagne avec deux caniches royaux à l’arrière, M m’explique comment il a monté son entreprise de luxury travel pour laquelle il ramène voitures et chiens à leurs propriétaires. Les yachts se préparent au Cap d’Antibes, c’est le début du printemps. Les mercredis soirs, je prends des cours de danse écossaise à l’International School de Mougins. Souvent je vais m’asseoir sur les canapés du West-End pour observer les vas-et-vient du personnel de l’hôtel. Je lis Ser- vir les riches en prenant mon petit déjeuner continental. Je prends la voiture sans but pour écouter les publicités pour investisseurs sur Radio Riviera. Je vais boire un verre dans un hôtel cinq étoiles à Monaco, et, au final, je m’y fais. Pour moi qui ai grandi dans le sud-ouest, tout cela a une pointe d’exotisme et me fascine. Et sans apporter aucune vérité, je pose ici les fragments de mes impressions pendant ces deux mois sur la French Riviera.
Cette dernière est la destination privilégiée d’un tourisme spécifique et reçoit l’influence de la culture anglo-saxonne amenée par une communauté venue s’y installer. Luxe, excellence, confort, qualité, prestige, international sont des termes mis en avant dans le tourisme de luxe et spécifiquement recherchés par une clientèle propre à cette région. A travers un documen- taire fictionnel, je construis une narration autour de ces mots clés et notamment dans l’hôtel quatre étoiles le West-End, sur la Promenade des Anglais.
A travers des autoportraits et des mises en scènes qui découlent à la fois d’observations, de la récolte d’imagerie et de construction de personnages, l’intérieur de l’hôtel devient le théâtre de cette narration.
Cette proposition d’exposition regroupe à la fois des tirages encadrés ainsi que certaines photographies présentées de manière détournées, et réduites volontairement à une fonc- tion purement ornementale. Une série d’assiettes murales s’inspire des assiettes parlantes – caricatures des mœurs sous forme de série racontant une scénette, – dont les nouvelles techniques d’impression furent importées d’Angleterre au 19ème siècle. Six assiettes de la même action sont présentées au mur et accompagnent les tirages. A cela s’ajoute une pho- tographie imprimée sur un foulard en soie et également disposée dans l’espace.