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Hôtel WindsoR

604, 2023 © Léonard Contramestre
604, 2023 © Léonard Contramestre

RÊVIERA

2023

11 rue Dalpozzo, 06000 Nice

« RÊVIERA est né de la résidence effectuée en mars 2023 à l’hôtel WindsoR où nous avons produit chacun deux travaux distincts et pouvant dialoguer entre eux.
Les deux projets ont été réalisés à l’hôtel West End. Léonard a travaillé sur le projet vidéo 604 avec deux danseurs performant dans l’hôtel sur une bande son issue d’une campagne publicitaire pour le lancement de la Peugeot 604 et Clémence a réalisé un projet photo CAN FRANCE BE YOUR HEAVEN déjà amorcé lors de sa résidence en février de la même année au Centre de la photographie de Mougins. »

604, 2023 © Léonard Contramestre
604, 2023 © Léonard Contramestre

Léonard Contramestre

604

2023 - 5' - Couleur

Sur la bande son d’une archive publicitaire 45 tours présentant, avec la voix de Jean Topart, la Peugeot 604 dans sa version SL V6, deux danseurs déambulent dans un hôtel de luxe aux allures baroques.

Symbole de classe, confort, qualité, tradition et de bon goût français, il s’agit là de la grande berline produite par la marque française dans les années 70 dans une tentative de concurrencer les modèles de luxe allemands à l’époque bien plus répandus.

La danse didactique effectuée par les deux performeurs juxtaposée à cette bande sonore et cet hôtel aux décorations désuètes viennent articuler un dialogue qui questionne ce que représente la classe etle luxe à la française dans le monde contemporain. Dans un effet de style, la composition des plans est pensée comme des tableaux qui viennent répondre à ceux qui arborent les murs de l’hôtel.

À l’époque, pour le lancement de la voiture, Peugeot décide de distribuer à des foyers aisés pouvant se permettre d’acheter la berline, un disque 45 tours qui annonçait que la voiture allait leur être prêtée pour une durée de 24h, puis énumérait les caractéristiques de cette dernière. La pochette est soignée et on écoute Jean Topart parler un français impeccable sur fond de musique classique. Symbole d’élitisme pour Peugeot elle deviendra même la voiture de fonction de Valéry Giscard d’Estaing.

Le concept du luxe comme le propose cet hôtel niçois est presque pas- séiste comparé au monde du haut standing hôtelier contemporain. Pour- tant beaucoup d’hôtel de la Riviera proposent encore cette prestation avec tout le service qui va avec, que ce soit dans les uniformes ou les gestes chorégraphiés des employés.

La vidéo propose aussi une réflexion sur la place du concept du haut stan- ding dans une société où l’on essaye d’édulcorer les différences sociales en faisant s’amalgamer le prolétariat à la classe moyenne pour faire dis- paraître les écarts sociaux, en vain, comme le pointe l’auteure Nathalie Quintane dans son ouvrage Que faire des classes moyennes.

Les deux danseurs me permettent d’interagir avec les différents tableaux, de faire vivre ces espaces et leurs donner une seconde vie, comme s’ils étaient figés dans les temps et qu’ils venaient opérer une réanimation, dépoussiérer les rideaux, et redorer une esthétique qui autrefois faisait la grandeur la France.

CAN FRANCE BE YOUR HEAVEN, 2023 © Clémence Elman
CAN FRANCE BE YOUR HEAVEN, 2023 © Clémence Elman

Clémence Elman

CAN FRANCE BE YOUR HEAVEN

2023 - Couleur

Sur le trajet vers Nice, dans une land rover flambant neuve immatriculée Grande-Bretagne avec deux caniches royaux à l’arrière, M m’explique comment il a monté son entreprise de luxury travel pour laquelle il ramène voitures et chiens à leurs propriétaires. Les yachts se préparent au Cap d’Antibes, c’est le début du printemps. Les mercredis soirs, je prends des cours de danse écossaise à l’International School de Mougins. Souvent je vais m’asseoir sur les canapés du West-End pour observer les vas-et-vient du personnel de l’hôtel. Je lis Ser- vir les riches en prenant mon petit déjeuner continental. Je prends la voiture sans but pour écouter les publicités pour investisseurs sur Radio Riviera. Je vais boire un verre dans un hôtel cinq étoiles à Monaco, et, au final, je m’y fais. Pour moi qui ai grandi dans le sud-ouest, tout cela a une pointe d’exotisme et me fascine. Et sans apporter aucune vérité, je pose ici les fragments de mes impressions pendant ces deux mois sur la French Riviera.

Cette dernière est la destination privilégiée d’un tourisme spécifique et reçoit l’influence de la culture anglo-saxonne amenée par une communauté venue s’y installer. Luxe, excellence, confort, qualité, prestige, international sont des termes mis en avant dans le tourisme de luxe et spécifiquement recherchés par une clientèle propre à cette région. A travers un documen- taire fictionnel, je construis une narration autour de ces mots clés et notamment dans l’hôtel quatre étoiles le West-End, sur la Promenade des Anglais.

A travers des autoportraits et des mises en scènes qui découlent à la fois d’observations, de la récolte d’imagerie et de construction de personnages, l’intérieur de l’hôtel devient le théâtre de cette narration.

Cette proposition d’exposition regroupe à la fois des tirages encadrés ainsi que certaines photographies présentées de manière détournées, et réduites volontairement à une fonc- tion purement ornementale. Une série d’assiettes murales s’inspire des assiettes parlantes – caricatures des mœurs sous forme de série racontant une scénette, – dont les nouvelles techniques d’impression furent importées d’Angleterre au 19ème siècle. Six assiettes de la même action sont présentées au mur et accompagnent les tirages. A cela s’ajoute une pho- tographie imprimée sur un foulard en soie et également disposée dans l’espace.